Principes généraux : Planification/ périodisation de l’entraînement sportif
5 août 2023
Qu’est ce que l’entraînement ? (2/3)
Temps de lecture etimé : 8min
Relation ‘dose-réponse’
En renvoyant au syndrôme général d’adaptation, popularisé par H. Selye, on comprend mieux que les effets bénéfiques attendus de l’entraînement dépendent d’une dose suffisante pour créer une stimulation d’adaptation, ceci en balance avec une dose qui ne causerait le moins possible d’effet indésirable. Alors l'entraînement verra différentes approches en fonction du niveau de pratique des athlètes et de leurs réponses à l’entraînement, appelé relation ‘dose-réponse’.
De cette relation ‘dose-réponse’ résulte deux choses. La première : chaque individu répond de manière différente à l’entraînement (1) et la seconde : les gains seront plus importants et rapides au début, pour devenir minimes et plus longs avec le temps du fait de l’augmentation du niveau des pratiquants (Figure 3). De manière générale, pour une même charge d’entraînement, un sportif débutant va se voir s’améliorer assez rapidement, alors qu’un sportif ayant assis un pratique régulière se verra limité quant à ses améliorations.
Figure 3: Relation Dose-réponse
Image copiée/collée du diapo: BSPP Méthodes de développement de VO2max - De l’interval training aux jeux réduits. Hugo Kerhervé. Université Rennes 2
Évaluations
Afin d’optimiser au mieux l’entraînement et minimiser les risques de surentraînement, des évaluations peuvent être mises en place afin de mieux anticiper les charges induites par l’exercice. On trouve alors deux grandes modalités d'évaluation au service du sport : les tests de laboratoire et ceux de terrain. Bien que les tests de laboratoire ont une validité supérieure à ceux de terrain, leurs accessibilités et leurs coûts ne les rendent pas abordables (besoin financier important), et relativement exploitables par tous (besoin humain et technique).
Ces deux formes d’évaluations, de tests permettent de mieux situer une performance, traduisant d’un niveau athlétique. Par exemple, le niveau d’hypertrophie et de VO2max sont deux marqueurs importants de la force et du conditionnement aérobie.
Aussi, les données récoltées, faisant partie intégrante d’un suivi sportif, comme le volume d’entraînement et l’intensité peuvent faire constat d’un état de performance et de réponse à un stress dans le management de la fatigue. Deux types de données ressortent : les données externes et internes. Prenons comme exemple la performance effectuée lors d'une course : temps effectué pour courir un 10 kilomètres. Elle entrera dans le type de données externe. Quant à la fréquence cardiaque moyenne et maximale mesurée durant la course, elle sera une donnée interne.
Selon moi, les données externes sont motrices pour l’entraînement ; elle amène le dépassement par objectif. Elles permettent aussi la comparaison au sein d’un même sport, d’un groupe ou d’un même individu. Alors que les données internes informerons des réponses, adaptation aux efforts effectués. Collectées et analysées, elles peuvent indiquer un état de forme et de récupération de l’athlète (2). Cependant la réduction que j’opère ici, exige un plus large spectrum concernant les types de données recueillies, qui demanderait un travail plus poussé…
En extrapolant ce principe : lorsque les sportifs débutent dans une activité physique, leur niveau d’entraînement commence par s’améliorer par une phase hyperbolique (figure 3). Il y a alors peu d'intérêt de les évaluer durant les débuts de leur pratique. Aussi, faut-il garder à l’esprit que les valeurs recueillies sont dynamiques, le progrès et la fluctuation d’état de forme accompagnent l’athlète quotidiennement.
Quoi qu’il en soit, les données résultes d’une performance et permettent d’établir des orientations pour la conduite des entraînements. Espérer des prédictions pour les futurs performances, au regard du moment et de l’ampleur des adaptations de condition physique, s’avère même, peu ou pas reproductif dans l’élaboration d’une périodisation sportive d’après l’étude d’Afonso J. and al. (3).
Périodisation
La périodisation peut se traduire comme une trame conceptuelle permettant d’organiser un programme d’entraînement. Elle décompose l’entraînement en différents cycles de travail, dans l’objectif d’augmenter les bénéfices de l'entraînement, tout en diminuant les risques de surentraînement. Une méta-analyse de Tyler D. Williams & Al, de 2017 (73) suggère que l’utilisation d’une périodisation pour l’entraînement à résistance (de musculation) a des effets modérés sur l’augmentation de la répétition maximum d’un mouvement, comparé aux entraînements sans périodisation. Il en sort que la variation d’entraînement et la fréquence seraient, quant à elles : “vitales pour l’augmentation de la force maximale”.
Il me paraît important de notifier que prendre pour comptant une périodisation d’entraînement préalablement défini, pour améliorer les qualités physiques d’un athlète, semble avoir plus de limite que de bénéfice (1). C’est en grande partie la raison pour laquelle je préfère m'attacher à des principes et une organisation qui suivent les progrès de l’athlète et initialement des besoins et des capacités décelés lors d’évaluations. Cette conceptualisation permet d’établir l’organisation de l’entraînement dont découlent des principes transversaux.
Bertrand Louboutin, Août 2023
1. Montero D. and Lundby C. Refuting the myth of non-response to exercise training: ‘non-responders’ do respond to higher dose of training. J. Physiol 595.11 (2017) pp 3377-3387
2. Seiler S. What is Best Practice for Training Intensity and Duration Distribution in Endurance Athletes? Brief review. International Journal of Sports Physiology and Performance. 2010. 5, 276-291 © Human Kinetics, Inc
3. Afonso José. Pantelis T. Nikolaidis, Patricia Sousa and Isabel Mesquita. Is Empirical Research on Periodization Trustworthy? A Comprehensive Review Of Conceptual and Methodological Issues. Journal of Sports Science and Medicine (2017) 16, 27-34