Développement musculaire : hypertrophie
5 févr. 2024
La Force en lien à l’hypertrophie (Partie 1/4)
Temps de lecture estimé : 7 min
Il apparaît essentiel de définir l'hypertrophie musculaire. J’ai pour cela choisi de m’appuyer sur l’étude de Per A. Tesch et de Lars Larsson, qui la définit comme telle : “l’augmentation du poids ou de la section transversale d’un muscle, survenant à la suite d’une surcharge induite soit par manipulation chirurgicale, soit par l’entraînement” (1).
Naturellement, je vais m'intéresser aux aspects induits par l’entraînement. Avant d’évoquer une mise en pratique (qui sera présentée en dernière partie de ces travaux), en soulignant l’importance de la force en perspective de l’hypertrophie musculaire.
La Force
D’un point de vue externe, la force est la faculté d’un individu à agir sur son environnement. Pour déplacer une masse, une personne utilise des qualités neuro-musculaires qui dépendent de la genèse d’un potentiel d’action depuis le système nerveux et de sa transmission jusqu’aux muscles. Ce cheminement aboutit à la contraction musculaire, permettant donc le déplacement d’un objet.
Plus simplement, Mel C. Siff définit la force, dans son livre ‘Supertraining’, comme : “la capacité d’un muscle ou groupe de muscles à générer une force musculaire sous des conditions spécifiques”.
Les qualités de force sont aussi exprimables en relation avec la masse qui la produit, c’est-à-dire la force relative. Également en son extrême : la force maximale.
Quant à la puissance, elle est le calcul du produit de la force par la vitesse. Dans la majorité des sports, le développement de la force est fondamental pour atteindre des niveaux élevés de performance.
Emmanuel Legeard indique (3) que les facteurs contribuant à l’accroissement de la force maximale (d’après Mel C. Siff :“la capacité d’un groupe particulier de muscles à produire une contraction volontaire maximale en réponse à une motivation optimale contre une charge externe”) sont de trois ordres : les facteurs neurologiques, les facteurs structuraux et les facteurs involontaires (réflexes inhibiteurs ou facilitateurs : les organes tendineux de golgi ou les fuseaux neuromusculaires). Seuls les facteurs structuraux sont essentiellement ceux qui nous intéressent ici.
Pour parler de l’hypertrophie musculaire, en effet, une forte corrélation existe entre la taille des muscles et leurs forces musculaires.
Relation Force et CSA
La section transversale d’un muscle (CSA) serait un indicateur du niveau de production de force. D’après Eric J. Jones and al. (4), toutes populations confondues, l’augmentation de la force et l’augmentation de la CSA sont corrélées. Il existe alors une relation linéaire positive entre le gain de force et le gain de section transversale musculaire. Ce qui nuance l’indication du niveau de production de force en rapport avec la CSA.
En effet, les changements attribués à l’augmentation de la force par l’augmentation de la CSA semblent hâtifs. Il est difficile de croire que la force serait seulement influencée par l’augmentation de la masse musculaire. L’impact de l’âge, du sexe et du statut d’entraînement permet d’y apporter plus de nuances. Toujours d’après les travaux de Éric J. Jones and Al., les individus entraînés ont un ratio Force/CSA significativement plus important que les sujets non-entraînés. Les réponses à la relation Force/CSA, entre femmes et hommes sont significativement différentes. Et l’impact de l’âge, dans la relation Force/CSA, n’est pas totalement compris. La diminution de la force liée à l’âge impliquant de trop nombreuses incertitudes (stimulations nerveuses se dégradant, mesures des études portant sur la masse musculaire et non le CSA, …).
Il apparaît évident que l’augmentation de la CSA permet de valider des gains en force, mais qu’une importante section transversale musculaire ne permet pas de supposer une importante force. Différents facteurs, non structuraux interviennent pour le développement de la force comme l’acquisition technique sur le mouvement utilisé pour l’évaluation, la composition musculaire entre fibres rapides et fibres lentes, la longueur des fascicules musculaires et l’angle de pennation…
Aussi, les différences de gains entre force et force/CSA me semblent largement sous-évaluées, en fonction des méthodes de développement de la force utilisées dans les études. Les facteurs nerveux (1-5 RM) pouvant être priorisés sur les facteurs structuraux (6-12 RM, voir 15+ RM). Afin d’argumenter cette hypothèse, exposer certains aspects physiologiques et les principes majeurs liés à l’hypertrophie, me semblent mieux éclairer ces différences.
Bertrand Louboutin, Février 2024
Bibliographie :
-
Tesch Per A. and Lars Larsson. Muscle Hypertrophy in Bodybuilders. Eur J Appl Physiol (1982) 49:301-306
-
Siff M. C. Supertraining. Denver, CO: Supertraining Institute; 2003
-
Legeard Emmanuel. Force Entraînement Musculation. Edition Amphora, Juin 2005. ISBN - 2-85180-678-5
-
Jones Eric J., Phil A. Bishop, Amanda K. Woods and James M. Green. Cross-Sectional Area and Muscular Strength: A Brief Review. Sports Med 2008; 38(12): 987-994 01 12-1642/08/0012-0987/$48.00/0
-
Poliquin C. The Poliquin Principles: Successful Methods for Strength and Mass Development. Napa, CA: Dayton Writers Group; 1997